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— Ouf ! exclama Furibus, je respire ! Tu n’es pas communiste ! Merci, mon Dieu ! Mais, alors, qu’es-tu donc ?

— Je suis pour la raison, la prudence et la justice. Qu’est-ce qui a fait naître les théories communistes qui prédominent aujourd’hui dans les congrès ouvriers ? C’est l’excès de l’appropriation individuelle et la méconnaissance du droit au fonds commun. Mais le triomphe du communisme, qui opprimerait à son tour le droit individuel, amènerait nécessairement des réactions violentes, de nouvelles convulsions. Si donc nous voulons éviter la guerre sociale qui nous menace, je pense qu’il faut trouver le moyen de satisfaire, de combiner, de synthétiser ces deux principes légitimes, en apparence contradictoires, inconciliables : la propriété individuelle, ou le droit de l’individu aux fruits de son travail, et la communauté, ou le droit de tous aux produits bruts de la nature.

— Et ce moyen ? ce fameux moyen ?…

— Il n’est pas simple, il est complexe. Il y a deux sortes de réformes à accomplir : les unes, par la législation, c’est-à-dire par l’impôt, la liberté d’association, le service obligatoire, par la justice, l’instruction et le crédit, mis à la portée de tous ; les autres, par l’initiative privée, c’est-à-dire par la démocratisation de l’industrie, ainsi que je te l’ai expliqué tout à l’heure, par la participation de l’ouvrier aux bénéfices du patron et par la mobilisation libre de la grande propriété. Aujourd’hui, au lieu d’accorder aux dépossédés du droit au fonds