Page:Gagneur - Jean Caboche à ses amis paysans.pdf/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 4 —

Neubourg, un village qui ressemble à tous les villages du monde. Il y a là, comme partout, plusieurs partis qui ne s’entendent guère.

Ce sont d’abord les gens du curé, qu’on appelle aussi les gens du château ; car la sacristie et le château marchent toujours de compagnie. Ils ont avec eux, cela va sans dire, les chantres, les marguilliers, les paresseux qui vivent d’aumônes, les saintes Nitouches à langues de vipère, les hypocrites qui ont quelques vices à cacher sous le voile de la religion ; les peureux qui ne croient ni à Dieu ni au diable, mais qui se servent de Dieu comme d’un grand gendarme, et du diable, comme d’un croquemitaine pour garder leurs propriétés.

Sans doute, il y a de braves prêtres, bons et secourables, qui remplissent tranquillement leur mission de prier Dieu, et qui savent faire aimer la religion en pratiquant la vertu et la tolérance ; mais il y en a d’autres qui se regardent tout de bon comme les représentants de Dieu sur la terre, et qui, à ce titre, veulent tout régir et dominer. Ce sont de vrais petits despotes dans leurs paroisses, se mêlant de tout ce qui ne les regarde pas ; des affaires des particuliers comme des affaires de la commune.

Ainsi est le curé de Neubourg, intrigant, dominateur, violent, vindicatif. Son rêve, comme celui de tous les curés et de