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elle, s’appelle la Corvée. Mais, pour le vin, ce n’était pas nous qui en goûtions ; et sans la révolution, tu n’aurais jamais pu, père Mathurin, acheter même un petit coin de cette vigne, et ce seraient les bons moines qui boiraient encore ton bon vin. N’est-ce pas vrai, monsieur le curé ? C’est ce temps-là que vous regrettez toujours, et que vous voudriez bien nous ramener.

— Et vous, repartit M. Maujars, ce que vous voulez nous ramener, ce sont les sanglants excès de 93.

— Voyons, monsieur Maujars, répliquai-je, toujours en souriant, et vous, monsieur Renardet, et vous, monsieur le curé, vous savez bien que 93 ne peut plus revenir en France. Le peuple des campagnes surtout ne souffre pas aujourd’hui ce qu’il souffrait avant 89. Tous les paysans possèdent un petit bien qu’ils chérissent aussi passionnément que le père Mathurin et M. Maujars leurs grands domaines. Aujourd’hui, il y a sans doute bien des injustices à réformer ; mais il n’y a plus ces excès de tyrannie, d’oppression d’une classe sur l’autre, excès qui avaient exaspéré nos pères de 89. Et puis aujourd’hui nous avons le suffrage universel pour demander des réformes, Nous n’avons plus besoin de recourir aux massacres.

— Mais, encore une fois, reprit le curé qui frappa du poing sur la table, que font-ils à Paris ?