Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 93 —

pas t’inquiéter, je ne voulais pas gâter la fin de ton séjour. Pauvre Petite Nell, ses chagrins ont commencé la veille de ton départ ; tu te souviens peut-être que sa tante l’avait invitée à dîner ce jour-là ?

Oh ! oui, il s’en souvenait, mais il ne le dit pas.

— Eh bien, son frère venait d’arriver et c’était pour lui en faire la surprise qu’on l’avait fait chercher ; pauvre petite, sa joie ne fut pas de longue durée, le même soir, en l’accompagnant ici… Mais… qu’as-tu, Charles… as-tu mal ?

— Moi, pas du tout, quelle idée ! fit-il, en s’adossant au mur.

— Donc, le même soir, en l’accompagnant ici, il lui parla de son intention de partir pour l’Algérie, où on lui avait offert une place, mais à la condition qu’il s’engageât pour deux ans. Oh ! comme Petite Nell était désolée en me racontant tout cela, le lendemain matin. Et nous, qui ne comprenions pas ce qui la retenait si longtemps ; nous ne nous doutions guère qu’elle était là, tout près, dans le pavillon, où tu aurais pu les voir quand tu es allé à sa rencontre.

— Tu vois, d’ici, venir la fin, reprit sa sœur d’une voix qu’elle essayait de raffermir ; le climat de l’Algérie, au lieu de lui faire du bien, n’a fait qu’aggraver un mauvais rhume dont il se plaignait depuis quelque temps ; bref, au bout de deux ou trois semaines, le pauvre garçon est tombé tout à fait malade, si malade qu’il a dû revenir ; depuis lors…

— Tu ne l’as pourtant pas laissée partir seule ! interrompit brusquement le docteur en se rapprochant du sofa.

— Je voulais l’accompagner, elle a refusé.