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ne comprenait qu’une chose, une chose qu’elle ne voulait, qu’elle ne pouvait pas croire.

Elle avait tant lutté, durant ce long hiver, tant travaillé, oh ! oui, de tout son cœur, de toutes ses forces, et il ne lui en avait rien coûté ; elle n’avait senti ni peine, ni fatigue, car la lutte est facile pour qui a l’espoir, pour qui ne croit pas à la défaite, et Petite Nell était sûre de la victoire…

Mais quand il faut céder, quand la mort arrache de nos bras tout ce que nous aimions, il se fait en nous un écroulement qu’aucune parole ne saurait décrire.

Lorsque tante Olympe rentra dans la chambre et qu’elle vit la fillette assise à la même place, sa petite main posée sur celle de sa mère, sa jolie figure presque aussi blanche, aussi rigide que la sienne, elle s’avisa pour la première fois, que cette grande tranquillité était pour le moins un peu singulière.

— Nellie, fit-elle doucement.

Mais l’enfant n’eut pas l’air de l’entendre.

— Nellie, répéta-t-elle, en lui posant la main sur l’épaule, il ne faut pas rester là plus longtemps. La fillette releva la tête et regarda sa tante d’un air surpris.

— Ne reste pas là, répéta la brave femme, viens dans l’autre chambre, ne veux-tu pas nous aider, nous avons tant à faire.

Petite Nell se leva, fit deux ou trois pas, puis tout à coup, se retourna vers le lit et ouvrit bien grands ses deux pauvres petits bras ; alors, avec un cri rauque, déchirant, elle tomba à terre sans connaissance.

La prendre dans ses bras, l’emporter dans la pièce.