— Que cousine Nellie m’aime comme un cousin et pas autrement.
Le paysan se rapprocha de son fils.
— Voyons, fit-il, complètement blême à son tour, pas de plaisanterie !
— Ai-je l’air de plaisanter, père ?
— Elle ne veut pas de toi ? répéta-t-il lentement… Eh bien, on l’y obligera, cria-t-il, en donnant sur la table un coup de poing qui fit accourir tante Olympe.
— Mon Dieu, beau-frère, qu’est-ce qui vous arrive ?
— Il m’arrive…, il m’arrive…, bégaya-t-il, et, incapable dans sa rage d’en dire plus, il tira de sa pipe une énorme bouffée de fumée qu’il envoya dans toutes les directions.
— Qu’est-ce ? dis, Maxime, fit tante Olympe, d’un air de détresse.
— Je n’y comprends rien moi-même, répondit le pauvre garçon ; il y a quelques jours, le père ne voulait pas entendre parler de me voir épouser ma cousine, et aujourd’hui…
— Aujourd’hui, c’est la même chose, rugit oncle Nestor, mais ce n’est pas à elle à te refuser. A-t-on jamais vu une chose pareille, une fille sans le sou et qui se permet…
— Mais, elle est dans son droit, père.
— Dans son droit ? dans le droit de se moquer de nous, après avoir mangé notre pain pendant trois ans, le droit d’attirer dans ses filets le plus honnête garçon du pays pour l’envoyer ensuite promener d’une chiquenaude ? Non, non, ça ne se passera pas ainsi, on saura l’obliger…