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diant ! Il prit Petite Nell dans ses bras, la serra bien fort sur son cœur, embrassa tante Olympe à plusieurs reprises et secoua chaleureusement les mains d’oncle Nestor et de Maxime. Puis, sa petite sœur toujours près de lui, la tête tantôt sur son épaule, tantôt penchée en arrière pour mieux le voir, on l’écouta parler. C’est qu’il en avait à dire, après ces trois mois de voyage ; certes, il n’avait pas perdu son temps, il avait su voir et observer, et rien n’était sorti de sa mémoire.

Quelles journées ! quelles soirées ! On pourrait dire quelles nuits ! tant ils avaient de peine à se séparer pour aller dormir et continuer en songes ce merveilleux voyage. Même oncle Nestor se réveilla une fois en sursaut, poursuivi par des hordes de petits Lapons qui le lapidaient de boules de neige.

Mais cette semaine, que Petite Nell avait espérée interminable, prit fin comme les autres, la dernière soirée arriva, passa, et l’on se dit adieu pour plusieurs mois.

— Sœur Olympe, pourriez-vous me dire où est mon fils ?

— Sans doute, c’est moi qui l’ai prié d’aller chercher Nellie, à qui Mlle Steinwardt a écrit qu’elle rentrait aujourd’hui, mais ils devraient être de retour.

Oncle Nestor fit quelques pas, s’approcha de la porte ouverte, lança une bouffée de fumée et revint près de la table où tante Olympe tricotait.

— Savez-vous, belle-sœur, fit-il en s’arrêtant devant elle, que je ne vous croyais pas si myope.