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et pourtant je voudrais vous le dire, parce que cela vous aiderait peut-être à prendre patience.

Et, d’une main fébrile, elle détachait de son cou un médaillon retenu à une chaînette d’or et le tendit à Petite Nell.

— Je ne le verrai plus, murmura-t-elle, il est mort, Petite Nell, mort le jour même qui avait été fixé pour notre mariage… Chérie, si vous pleurez ainsi, je ne pourrai rien vous raconter.

C’est une histoire toute simple, reprit-elle au bout d’un instant, nous nous aimions et nous nous étions promis d’être fidèles en attendant de pouvoir nous unir, car sa mère était veuve et lui, l’aîné d’une nombreuse famille ; ce ne fut donc qu’après bien des années d’attente et de séparation que notre mariage pût être fixé. Ah ! j’ai oublié de vous dire qu’il était médecin dans une petite ville assez éloignée de la nôtre ; mais il allait revenir quand… quant au moment de partir il apprit… — elle hésita — qu’un de ses amis, interne à l’hôpital dans la même ville que lui, venait de tomber gravement malade en soignant des cas de diphtérie… naturellement il fit… la seule chose qu’il avait à faire, il alla au secours de son ami.

Elle se tut et pencha la tête sur le médaillon qu’elle avait gardé dans sa main.

— Petite Nell, nous ne nous sommes revus que pour nous dire adieu, mais… son ami était guéri, sauvé par lui, au péril de sa vie. Chérie, ne pleurez pas ainsi, reprit-elle, pendant que ses propres larmes roulaient sur ses joues pâles, je ne vous ai pas raconté cela pour vous faire de la peine, mais pour vous aider