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temps, je vous en serai reconnaissant, poursuivit maître Nestor.

Dame Olympe parut réfléchir.

— Elle écrit tous les jours à son frère, je crois.

— Tous les jours !…

La voix du paysan mourut d’indignation dans sa gorge.

— Belle-sœur, reprit-il, après quelques secondes de silence, je vous croyais plus de sagesse et de discernement, ce n’est pas une raison parce qu’on a perdu ses parents pour se croiser les bras, bien au contraire ; mais ne disiez-vous pas qu’elle avait l’habitude de se lever à quatre heures tous les matins pour travailler ?

— Pour étudier, corrigea tante Olympe.

— C’est la même chose, interrompit le paysan, travail pour travail, si elle l’a fait autrefois, pourquoi ne le fait-elle plus ? Je ne sais vraiment pas comment elle ose encore venir à table, car ceux-là seuls qui ont travaillé ont le droit de manger.

— Oh ! soupira tante Olympe, ce qu’elle mange n’est pas lourd et depuis qu’elle est ici son appétit a encore diminué de moitié, et elle est d’une maigreur !…

— Mettez-la à l’ouvrage, faites-lui laver la vaisselle, sarcler les carreaux de votre jardin et l’appétit lui reviendra, je vous en réponds.

— Vous avez peut-être raison, je veux bien essayer de l’occuper, mais elle a si pauvre mine que je n’ai pas le courage de la rudoyer.

— Et ce n’est pas non plus mon idée, ce que je