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drôle que tu restes chez des étrangers plutôt que chez moi.

— Mais ce sont mes amis, s’écria Petite Nell indignée, et vous savez bien, tante Olympe, que si oncle Nestor…

— Sans doute, mais ces choses-là c’est inutile de les répéter à chacun ; d’ailleurs, quand tu nous as quittés pour aller chez eux, tout le monde savait que c’était pour peu de temps, en attendant que Louis fût prêt, mais à présent on commence à s’étonner, on trouve que ce n’est pas convenable.

— Pas convenable de demeurer chez sœur Hélène ?

— Eh bien, Nellie, si Mlle Steinwardt était seule, on ne dirait rien, mais il y a le docteur, et l’on commence à dire de toi, de lui… des choses… peu agréables à entendre, ne comprends-tu pas, ma fille ; tu es pourtant en âge…

Si, si, elle comprenait, elle comprenait si bien qu’une rougeur douloureuse envahissait toute sa figure, pendant que ses yeux, agrandis par la surprise, continuaient à regarder tante Olympe d’un air de détresse profonde.

— Cela me fait tant de peine, reprit sa tante, pour toi d’abord, pour eux ensuite, mais c’est toujours comme ça dans ce monde : faites une bonne action, les gens chercheront aussitôt à vous noircir.

— Est-ce qu’ils le savent, tante Olympe ? murmura Petite Nell.

— Ah ! j’espère bien que non.

— Tante Olympe, fit Petite Nell en se levant, j’écrirai que j’accepte, j’écrirai encore ce soir.

— Bien, ma fille ; et ne te mets pas trop en peine de ce que je t’ai dit, dans quelques jours tu seras