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Vous avez manqué d’adresse, Monsieur, en vous mettant en colère contre ma personne et mon ouvrage. Tout le monde sait que cette passion rend incapable de discerner le juste et le vrai, que celui qu’elle domine a perdu la raison[1], et qu’elle est le plus inique et le plus partial de tous les juges. Vous avez demandé, comme Léandre, dans l’Envieux de Destouches : « Y a-t’il de beaux endroits dans cet ouvrage ? » et répondu, comme Polidor : « Je vous avoue que j’en trouverais s’il était de moi ou de quelques-uns de mes amis. » Vous avez fait naître de justes soupçons contre le témoignage que vous avez porté de mon Livre, en prononçant avec emportement, qu’il est écrit sans jugement, sans esprit, sans style et sans raison. On ne vous en croira pas, on ne me condamnera pas sans m’entendre, on lira mon Ouvrage, et si l’on y trouve quelques fautes[2] [quel ouvrage n’en a pas ? votre diatribe même en est pleine], on y trouvera aussi que je suis un écrivain impartial, et que j’ai prouvé, par des faits, si incontestables que vous n’avez pas osé les contester, que la persécution religieuse est atroce, et que ceux qui ont provoqué et dirigé celle qui a précédé et suivi la

  1. La colère, dit Montaigne, est une arme de nouvel usage ; nous remuons les autres armes, celle-ci nous remue ; notre main ne la guide pas, c’est elle qui guide notre main ; elle nous tient, nous ne la tenons pas.
  2. Si l’on en ôtait les fautes typographiques, qu’avec un peu de bonne foi vous ne pouviez manquer de reconnaître, je ne sais pas s’il en resterait beaucoup.