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vous, avec un sang froid réfléchi et cruel, insulter à la mienne ?

Vous m’accusez de n’être d’aucune religion. Je ne sais quel est votre but.

Socrate, accusé d’irréligion, fut condamné à boire la ciguë. Mais sa mort n’a point flétri sa mémoire. Il est toujours regardé comme le plus vertueux et le plus éclairé des philosophes de l’antiquité. Son principal délateur, un prêtre, dont le nom commençait par un A, Anitus, est au contraire voué pour jamais à l’opprobre, à l’ignominie, et sa conduite sera toujours en exécration à tous les hommes sensibles et réellement vertueux. Pourquoi donc adoptez-vous son rôle infâme ? qu’a-t-il de flatteur pour vous ? espérez-vous que vos dénonciations auront le succès de la sienne ? J’aime à croire que nota. Vous l’espéreriez d’ailleurs en vain. Nous ne sommes plus dans ces siècles malheureux où le fanatisme ridicule, lâche, ignorant et cruel, aiguisait les poignards et allumait les bûchers. Le Gouvernement[1] sous lequel nous avons le bonheur de vivre, respecté toutes les opinions religieuses qui ne troublent point l’ordre public : il est trop grand, trop puissant, trop éclairé, trop sage, pour vouloir commander à la pensée. Il dédaigne justement ces êtres insensés qui, pleins de leur perfection chimérique, sont ennemis de toute opinion qui n’est pas la leur, et qui auraient du plaisir à voir renaître ces jours af-

  1. Mon crime à vos yeux ne serait-il pas d’avoir quelquefois opposé avec avantage le Gouvernement actuel aux Gouvernemens passés ?