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Le moine parut ; il pressentait quelque funeste dénoûment ; sa gravité fit tomber la joie fiévreuse de la jeunesse. Les visages vinrent dessiner autour de lui plusieurs vives circonférences où se peignait l’impatience de savoir ce qu’il avait découvert. Au dernier cercle, composé de jeunes filles, il y avait un homme qui se prenait timidement à la robe de la mariée, écoutant, mais tremblant d’être vu ; c’était l’ambitieux paysan du matin. Les compagnes de Lucile se tournaient furtivement de son côté et lui prodiguaient leur pitié en chuchotant. Lucile elle-même lui pressait la main, et le villageois se collait à sa patronne. Le moine, au lieu de faire cesser le saisissement qui l’environnait, l’augmentait. Il paraissait fortement travaillé d’un mouvement de pensées qui se trahissait à l’extérieur ; en délibération avec lui-même, il hésitait à parler, et ne faisait qu’irriter l’impatience des cercles qui l’enveloppaient. Il tournait la tête en tous sens ; ses yeux ne trouvaient pas