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les hauts cris. Ce n’était pas la première fois qu’elles avaient cru entendre des gémissements à pareil endroit. Plus d’une d’entre elles n’avait dû qu’à l’élan de l’imagination la force de fuir à toutes jambes ; aussi ne passaient-elles pas là pour aller puiser de l’eau. Elles n’osèrent pourtant pas parler superstition devant le moine ; lui d’ailleurs ne leur en avait pas laissé le temps ; sa présence était nécessaire parmi la foule en rumeur. Le paysan compromis ne s’y trouvait pas ; il n’osait plus aborder les têtes blanches indignées de ses projets d’achat de biens nationaux.

Le témoin des massacres de Paris, ancien serviteur de l’Abbaye, continuait d’entretenir douloureusement les anciens de son village. Il leur faisait envisager l’heure où leurs fils partiraient pour de lointains théâtres de guerre ; leurs fils iraient mourir, non plus pour la cause de leurs rois, mais pour la cause de ceux qui prenaient à la gorge l’Église et l’humanité. Ce serait avec le sang de leurs