Page:Gache - Le Dernier Jour du monastère d’Hautecombe.pdf/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 61 —

tentés tous deux, et il eût mieux valu pour moi me couper un membre aujourd’hui que d’être venu ici.

Revenu de sa stupeur, le censitaire moins ému, se laisse prendre à l’idée que l’ample four de son chapeau n’aurait pas permis à l’œil de la femme de glisser sous cet abri, et qu’en conséquence il n’avait pas été reconnu ; cette idée le transportait tellement qu’il palpa le bouclier de feutre sur sa tête, s’assura bien de sa position, l’étira plus encore, si c’eût été possible, et le fit descendre par-devant lui, comme un voile de femme. Désobri alors un peu moins mécontent de lui-même, raffermi dans ses idées par le tour qu’il donnait à son équipée, remonte au banquet des noces, se couvrant le plus possible de l’ombre des rameaux de cornouillers, de troènes et de nerpruns, surtout de l’orbe de son chapeau placé en écran devant sa figure. Il calculait que probablement son absence de quelques instants n’avait pas été remarquée ; dans tous