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d’habits courts en laine blanche, de bonnets couleur garance, de feutres noirs en ombelle, de disques de toile, penchés sur la tête des femmes ; c’était une confusion de doux et bons visages où l’on ne distinguait que la candeur et la grâce familière des physionomies, touchant privilège du paysan de Savoie. La foule, pressée, montait, descendait, et ce flux et reflux s’étendait de la grève au pied des monts. Le lac et les rochers fermaient alors de toutes parts ce coin de terre où la vigne s’incline chaudement au soleil du midi, parmi quelques toits de chaume perçant çà et là leurs couronnes de verdure. Détaché de ce qui l’environne, le site même avait fait nommer la presqu’île solitaire : Bryzont ; Corvény la qualifiait de nid d’hirondelle.

La vieille femme était restée seule dans la barque des fiancés, consternée à la vue de tout ce remuement populaire ; un invincible pressentiment la dominait : ce jour devait finir