Page:Gache - Le Dernier Jour du monastère d’Hautecombe.pdf/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 33 —

juste. Nous ne pourrons pas, nous, chercher un asile au pays de France : le mal y est sans bornes. Il y a moins de confusion dans les essaims d’abeilles que vous voyez s’entre-tuer pêle-mêle en bourdonnant qu’il n’y en a delà ces monts dans la foule qui vocifère sur les places, dans les conseils de ceux qui délibèrent. La terreur est partout ; la sûreté nulle part. La nuit et le jour l’épouvante passe et repasse avec les mille messages qui vont bouleverser ce qui fut autrefois. Au sortir du guichet, les têtes des victimes tombent sous le fer des assassins ; la couronne d’un bon roi, l’ami, l’allié du vôtre, est dans la boue ; ils vont vouloir sa tête ; n’importe, quand l’impie aura passé, Dieu sèmera sur son chemin, et il germera ce qu’on ne croyait pas. Le ciel sauvera la France ; il se souviendra de ses anciens jours. L’Église opprimée eut toujours l’appui de son glaive ; ses prêtres couraient porter, de l’aurore au couchant, la semence divine ; et les guerriers