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ments de crânes rongés ? Et puis songez, après cela, aux proscrits qui avaient vécu dans les cachots, recevant leur pain à travers les barreaux de fer, comme les bêtes fauves !… Qui donc, étant le Monarque, n’eût fait comme lui ?

Les cénobites, échappés à l’espionnage des clubs, étaient allés raconter aux foyers qui les accueillaient les maux qu’ils avaient soufferts, n’ayant que des pleurs pour satisfaire à la dette de l’hospitalité. On dit que l’un d’eux, ne pouvant plus résister aux prières de la famille qui l’avait adopté, consentit à écrire pour ceux dont il partageait la table, les soucis et les joies, le Dernier jour du monastère d’Hautecombe ; mais il exigea que le recueil de ses souvenirs fût, après sa mort, envoyé à sa mère qu’il avait laissée dans le duché de Savoie. Celle-ci mourut longtemps après que l’ouragan révolutionnaire eut cessé de détruire. Le pasteur de son village, vieux condisciple de son fils, lui ferma les yeux, et reçut d’elle ces pages de l’exil.