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toile blanche, tendue sur des arceaux de bois s’arrondissait sur la tête des passagers, en forme de berceau renversé ; cette tenture, destinée à recevoir la pluie, fut la cause d’une affreuse catastrophe ; le lac n’était pas orageux, mais la pluie tombait à flots. Un furieux coup de vent venu de la cime ébrêchée de la Dent du Chat s’engouffre sous la toile, incline violemment la barque du côté où Florine était assise ; l’infortunée jeune femme est renversée de frayeur ; le Nain, pour la saisir, tombe avec elle ; tous deux disparaissent dans les flots bouleversés. Un seul mot sorti du gouffre remonta vers la barque : Adieu… Puis la barque, pleine de désolation, retourna au bord d’où elle était venue, et les moines, en apprenant l’horrible événement, furent consternés et pleurèrent. Le lendemain, deux corps flottaient sur la rive à l’endroit même où Florine n’avait pas fui, et pour lit nuptial demandaient une tombe. L’abbé du monastère n’avait plus rien autre