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tant de copies de son mémoire qu’il y avait de sénateurs au sénat de Chambéry, plus une pour l’avocat des pauvres, accompagnée de la lettre la plus touchante. En ouvrant le mémoire, les sénateurs furent d’abord émerveillés de la beauté des caractères. C’était une véritable mosaïque en écriture, un chef-d’œuvre d’art. Le malin petit Maître-Jean savait bien qu’il n’y a rien de plus difficile au monde que de faire lire tout un écrit par tous les juges d’un tribunal. Aussi, pour arriver à son but, avait-il compté sur sa main d’abord, et secondairement sur son esprit. Il avait compté juste ; avec les formes les choses passèrent et firent leur chemin. Le mémoire fut trouvé excellent, et le Nain d’Hautecombe devint le sujet de toutes les conversations de la capitale de Savoie. Les femmes des sénateurs résolurent le pèlerinage d’Hautecombe pour le voir ; et Rup Dirup déclare que dès ce jour il entreprit d’écrire cette histoire. Ainsi, le pauvre petit Nain était au