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déclare avoir constamment vu le petit Maître Jean, haut de trois pieds, et voilà tout. Seulement il a bien pu l’entendre dire certaines choses auxquelles certaines gens n’entendaient rien. C’étaient pourtant de bien bonnes paroles dans l’intérêt du peuple, mais que les égoïstes, les ignorants, censeurs toujours mal avisés, ne manquaient pas de prendre pour les paroles d’un sermonneur de l’autre monde ; si, par exemple, quelque grand seigneur se plaignait devant lui qu’il y avait trop de fêtes dans le calendrier, que le peuple s’amusait trop, le Nain répliquait : — Les fêtes sont du pain ; le mieux est que le peuple rie. — S’il voyait quelque rude argentier, quelque impitoyable intendant amasser sans donner, se réjouir tout seul au milieu du malaise des autres, — Voilà, disait-il, les fêtes qui font pleurer. — Puis encore, lorsque quelque vieil artisan se désolait de la cherté du pain, le petit Maître-Jean soutenait qu’il n’était pas plus cher. — Com-