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tournois et batailles ; au seigneur Comte, affaires de l’empire et du pape. Surtout il avait une naïveté qui séduisait les enfants ; ils venaient à lui pour se faire conter les mille merveilles de la vie de saint François d’Assise et de sainte Élisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe ; ce qui ne l’empêchait pas d’être grand admirateur des belles façons des chevaliers. Il aimait à les voir, le heaume en tête, le gant au poing, la lance en arrêt, faire frissonner les flancs de leurs coursiers ; mais si sous la jaque de mailles du batailleur descendu de cheval il ne trouvait pas un cœur qui battait noblement, si son visage sorti de la visière n’exprimait qu’une odieuse arrogance, oh ! alors, l’esprit colossal du Nain se grandissait par-dessus le chevalier ; le Nain tournait le dos au chevalier.

Son savoir et surtout son beau parler lui avaient fait donner le nom de petit Maître-Jean. Le petit Maître-Jean pouvait avoir vingt et quelques années lorsqu’il commença à de-