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vrai, quoique, aimable, il n’entendait pas se prodiguer ; le parfum des bonnes choses, selon lui, ne devait pas être livré à tout vent ; il s’évapore vite et se reproduit difficilement. Une bonne et vive conversation, riche d’à-propos, discrète pourtant, était ce qu’il lui fallait. D’un naturel fort simple, rien de recherché, rien de pompeux ne lui allait ; et cependant il excusait en lui-même la vanité des autres et ne la frondait jamais. C’était là sa politesse ; elle servait de parure à la libre allure de son caractère. — Quand on peut paraître ce qu’on est, disait-il, on est au mieux.

C’était avec de telles idées qu’il paraissait quelquefois à la noble cour du Comte de Savoie ; sa présence y produisait une sorte d’enchantement ; c’était à qui parlerait, causerait, deviserait avec lui ; les invitations pleuvaient sur lui ; il y avait à la fois vingt projets de fête en son honneur, C’est qu’il était homme de bon goût ; aux dames il savait parler musique, peinture et toilette ; aux chevaliers,