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que cent ans plus tard, le comte Rouge de Savoie invitait à sa cour, non pas des ménestrels, mais un bon et spirituel petit nain, ayant à lui seul le savoir de toute une Académie. Du reste, malgré tant de mérite, le merveilleux petit nain avait la plus rare des vertus, la modestie ; il ne s’est pas cru digne de mémoire, il n’a rien écrit. Son contemporain, Rup Dirup, grand maître dans l’art d’élever les oiseaux de proie, s’est fait l’historien du phénix de ce temps. Je ne sais trop si ce n’est point pour cela que Monseigneur le comte Rouge gratifia Rup Dirup de huit gros sols pour avoir une robe. Quoi qu’il en soit, Rup Dirup figure dans le compte du trésorier général de Savoie, pour l’année 1391, grâce aux huit gros sols, à lui donnés, et le nain, quelques années plus tard. Du reste, le fauconnier, à ce qu’il paraît, avait une âme bien supérieure à la rudesse de son métier. Il comprenait la dignité d’écrivain : la première ligne de ses Mémoires est celle-ci : — Au nom de Dieu. — Puis il