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d’un fauconnier, les chants d’un ménestrel, faisaient les délices des cours. Quand la Trêve de Dieu empêchait de batailler, quand la croisade n’était plus là pour vous faire courir au pays des Maures, des Albigeois ou des Turcs, le châtelain, la châtelaine, leurs vassaux et leurs pages, les chevaliers et leurs dames, aussi courtois que nous, mais plus joyeux, plus bruyants, s’égayaient noblement dans la haute et vaste salle du foyer seigneurial. Autour de ce foyer grandiose autant que spacieux, le petit nain souriait aux dames, le bouffon les faisait rire de ses propos malins, le ménestrel les enchantait de ses vers délicats et naïfs, le fauconnier, dans l’embrasure d’une fenêtre profonde, racontait les prouesses de son oiseau de proie. Tous ces personnages étaient les beaux esprits d’alors, et, quoi qu’en puissent dire les nôtres, il fallait bien que ces gens-là eussent un grand mérite, puisque les ménestrels avaient leur libre entrée chez le grave et judicieux saint Louis. À son exemple, et quel-