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Où ma mère en priant m’enseignait à bien faire,
Et de me voir grandir faisait sa seule affaire.
Ils ne sont plus ces jours où, trésor du foyer,
Je voyais sous le vent les grands arbres ployer,
Et flotter à leur bout la nouvelle couvée
Que pour charmer mes yeux ma mère avait trouvée ;
Mon cœur flottait comme elle et suivait le roulis
De la vague des airs courbant tout le taillis.
Pour apaiser un peu ces terreurs de mon âge,
On me disait alors que bercé par l’orage
Chaque oiseau doucement dans sa couche dormait
Sous l’aile du Seigneur qui sur lui se fermait ;
Que jamais vent n’avait, jetant l’œuf sur la pierre,
De ses tièdes débris attristé la poussière ;
Que l’oiseau reviendrait voler jusqu’à mes pieds,
Convive des pigeons par mon œil épiés,
Et prendrait dans la cour la part que Dieu lui donne :
Car au gré du Seigneur tout oiseau s’abandonne.

Vous, qui de jours pareils avez le souvenir,
Ces beaux jours, n’est-ce pas, ne devraient pas finir ?
Éclore chaque jour au souffle des caresses,
Éveillé par la main qui joue avec vos tresses,
Être au bras de l’amour, dès l’aurore emporté,
Sentir chaque désir par un baiser compté,
Ne rencontrer que joie aux regards qu’on rencontre,
C’est le lot de l’enfant sous le ciel qu’on lui montre !