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Est-il œuvre qu’on aime autant que leur duvet ?
Œuvre ayant la douceur que leur plume revêt ?
Leur aile suspendue au lys qu’elle décore
Sur les muettes fleurs pose une fleur sonore,
Qui vole dans les airs, du grand arbre au buisson,
Rase le front de l’homme, effleure la moisson.
Telle du firmament part l’étoile inconstante,
Tombant pour remonter à l’éternelle tente.

Un grain fait leur festin, et ce grain vient de vous.
De ceux d’un même nid vous faites des époux,
Qui peuplent de leurs fils le lit vert des prairies,
Les sillons réjouis de leurs moissons mûries,
L’aigrette du peuplier flottant dans les airs,
La mousse des sentiers et les rochers déserts,
Tout, jusqu’au bord des toits, aimé de l’hirondelle,
Errante, mais pourtant à son berceau fidèle :
Famille aérienne, hymens mélodieux,
Qu’éparpillait sur nous la main qui fit les cieux,
Qui leur donne à chacun ce qu’il faut pour pâture,
Et se fait par leurs voix chanter à la nature.

Autre que vous, Seigneur, sait-il tous vos oiseaux ?
Peut-il de leurs palais compter tous les réseaux ?
Dire à ces nouveau-nés de voler sur leur aile,
De naviguer en l’air avec leur voile frêle ?