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seoir. — Mais s’asseoir c’est mourir, crièrent les guides ; allons, Monsieur, debout, ou vous ne vous relèverez plus ; le sommeil, ici, c’est la mort. — Ils me prirent comme un fardeau qu’ils faisaient mouvoir, s’accrochant eux-mêmes à la queue de leurs montures qu’ils suivaient sans les voir. Le danger n’était rien pour moi ; la torpeur m’en ôtait le sentiment. J’entendais, comme dans un songe, la voix non pas de l’homme, mais de l’ange qui me soutenait, réchauffer mon agonie de toute la chaleur de son âme. Je n’oublierai jamais le son grêle et funèbre des sonnettes de bêtes de somme emporté par le vent, tandis que la bouche de mon ami proférait à mon oreille les versets du Te Deum. Mourir, le Te Deum à la bouche, sur la cime des monts ébranlés dans leurs fondements, si c’était grand pour lui, pour moi du moins c’était consolant. Brisé par la souffrance, en revenant à moi, je demandais l’hospice que j’espérais toujours ; ce furent les chiens du