Page:Gache - Le Dernier Jour du monastère d’Hautecombe.pdf/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 154 —

le sort du monastère. Malgré les instances du vieillard je n’eus pas le courage de prendre à sa table la place accoutumée que je ne devais plus avoir. Je mangeais à la hâte, debout, ne faisant qu’énoncer avec une horrible répugnance le peu que je savais de l’histoire de la veille ; dom Lémeinc n’avait pas eu le temps de me tout dire. Les épouses des deux premiers nés du fils dé l’aïeul me demandèrent tout d’abord si du moins nous avions pu sauver les vases de l’autel : je les rassurais. Alors elles se mirent à se récrier au sujet de Corvény dont elles connaissaient la vie. Elles montrèrent du doigt, l’une et l’autre, l’escabelle à trois pieds et le coin de feu qu’on lui avait donnés, il y avait peu de jours, quand elle passait dans le village. À l’heure venue de m’arracher à tout ce monde, les forces me manquèrent ; je vis, comme un éclair, l’élan de la douleur s’échapper de tous les visages : — Restez, nous répondons de vous ! — Tel fut le cri de tous, même des enfants.