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se pressaient à leur rencontre, et toujours vainement.

Les recrues s’avancent en lignes de bataille ; le commissaire les précède, l’œil farouche, le visage fulminant. La mariée tombe à genoux devant lui, les regards suppliants, les mains jointes, dans l’attitude d’un ange conjurant la barbarie : — Grâce ! pitié !… — c’est tout ce qu’elle peut dire. Les sanglots étouffent le reste ; elle met pour pleurer son visage entre ses mains, et ses larmes, coulant le long de ses joues, mouillent sur son sein le bouquet nuptial. Le citoyen n’a pas un mot pour les pleurs qu’il cause ; il marche à l’aumônier. Les paysans courent s’armer d’instruments de toute espèce ; la voix du prêtre les enchaîne ; ils restent immobiles, frissonnant de courroux. Ébranlés par les vents, les arbres, les vagues, les rochers confondaient le fracas de leur bruit, et tout ce désordre de la nature avait pour lueurs la foudre et les éclairs. Dans l’intervalle de ces