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d’orage et presque ténébreux le dérobaient partant pour la France, quand sa détresse tomba, au bruit et à l’éclair des fusillades. Les rôles étaient changés ; les chants de la démagogie venaient terminer la fête dont il était le martyr ; au jour qui s’échappe de quelque nuage brisé, il voit la rougeur du bonnet phrygien ; c’est à peine, avant l’abordage, s’il ose se fier à ce qu’il voit, à ce qu’il entend ; il craint un stratagème imaginé par celle qui l’a perdu.

Impatient du bercer des nacelles, le piquet des recrues se jette à la vague, tout armé débarque comme pour un assaut, et pousse d’immenses cris d’invasion. À les voir abjurant l’homme par la férocité des yeux, l’avocat français lui-même recule comme en face d’une bande de brigands. Mais la scène change de caractère, à l’aspect d’une figure qui le réjouit ; c’était celle d’un collègue de Savoie, qui se couvrait de la peau des satellites, pour arracher des victimes à l’hydre popu-