Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gress vers les États-Unis. J’allais retrouver la vie calme et régulière, qui, sur me terre de liberté a aussi sa grandeur, mais pourquoi le taire ? Je ne disais pas adieu sans regret à cette vie aventureuse, exceptionnelle, que, comme tant d’autres Européens établis au Mexique, j’aurais pu rendre moins agitée, moins pleine de hasards et dont j’avais voulu pénétrer toutes les bizarreries, tous les mystères. La société mexicaine m’avait séduit ; elle avait eu pour moi tout l’attrait d’un roman dont j’avais tenu à n’ignorer aucune scène. On comprend qu’il soit difficile de se séparer sans mélancolie d’un monde où la réalité garde encore dans sa tristesse même un charme si poétique. Quand d’ailleurs ce monde s’en va, on éprouve une pieuse satisfaction à en rassembler les traits principaux, à en recueillir les vestiges qui s’effacent. C’est ce sentiment qui m’avait soutenu dans mes longues courses à travers le Mexique, et qui se réveille encore au moment où je remonte en pensée vers ces jours de voyage, qui ont été pour moi des jours de jeunesse et d’enthousiasme.

FIN.