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– À bon entendeur demi-mot, reprit Campos ; c’est bien, je suis à vous.

Les conditions du duel furent aussitôt débattues, avec un calme et une dignité que je n’attendais pas des deux adversaires. Ni le pilote, ni Calros ne daignèrent faire la moindre allusion aux événements de la nuit. C’était d’un duel à mort qu’il s’agissait, et dans ce moment solennel toute récrimination était oiseuse. Le rendez-vous étant pris et accepté, Campos s’éloigna pour aller recruter ses témoins, et nous nous dirigeâmes vers l’endroit désigné. Je marchais en arrière avec Calros, taciturne et sombre.

— Quoi qu’il arrive, me dit-il à voix basse, que je meurs ou que je reste vivant, vous n’aurez pas de message à remplir, elle ne doit plus entendre parler de moi.

Après un quart d’heure de marche environ dans une direction opposée au lit de la rivière, nous arrivâmes sur les bords d’un de ces bassins marécageux si communs dans certaines parties du Mexique. D’un côté s’étendait une ceinture d’arbres ; de l’autre s’élevaient, comme une falaise, de hautes dunes d’un sable fin et mouvant, qui d’un jour à l’autre devaient combler, en s’éboulant, la lagune qu’elles bordaient. C’est là que nous attendîmes la venue de Campos et de ses témoins. Calros arpen-