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devais vous retrouver n’importe à quelle distance. Je ne me suis pas trompé, comme vous voyez, et nous allons reprendre notre marche. Quant à vous, seigneur Calros, impatient de vous venger de Campos comme vous l’étiez avant ce nouvel attentat, vous en devez avoir maintenant l’envie la plus ardente. J’ai des amis dans le village de Campos ; nous allons l’y rejoindre, nous mettre face à face avec lui, et dans deux heures d’ici vos souhaits seront exaucés.

La venue du pilote avait rendu à Calros toute la bouillante impatience sur laquelle la fatigue avait un moment prévalu. Il ne pouvait donc plus être question d’aucune halte. Une courte discussion s’engagea seulement sur la question de savoir si nous reprendrions notre navigation interrompue, ou si nous continuerions le chemin à pied. Ventura fut d’avis qu’on remontât dans le canot, car il était certain, disait-il, que nous ne rencontrerions plus d’ennemis, et que les eaux avaient dispersé les obstacles accumulés par les maraudeurs sur quelques points de la rivière. Nous finîmes par nous ranger à cet avis, et sans perdre de temps, nous reprîmes nos places, Calros et Ventura à l’avant et à l’arrière du canot, moi entre les deux rameurs, heureux d’être dispensé, par mon inexpérience, de prendre part à la manœuvre et de pouvoir contempler avec une entière liberté d’esprit le magnifique paysage