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Quelle fut notre surprise quand, au moment où nous allions installer notre modeste campement, nous entendîmes une voix connue prononcer le nom de Calros et le mien : cette voix n’était autre que celle de notre compagnon Ventura. Nous nous crûmes un moment le jouet d’une hallucination ; mais bientôt il ne nous fut plus possible de douter de la parfaite résurrection du brave pilote, qui se présenta sur l’autre rive en nous invitant à lui faire passer l’eau. Traverser la rivière et l’aller chercher fut pour Calros l’affaire d’un instant.

— Et par quel miracle êtes-vous de ce monde ? demandai-je aussitôt à Ventura. J’ai encore dans les oreilles un cri d’angoisse qui vous est échappé.

— C’est ce cri qui vous a sauvé la vie. Quand au miracle, ce n’en est un que pour ceux qui n’ont jamais vu un Mexicain de bonne race aux prises avec le danger. Lorsque j’ai compris que nous courions risque d’être écrasés sans défense, je me suis élancé du canot dans les branches de l’arbre qui obstruaient notre passage, et, en voyant tomber le quartier de rocher que ces misérables ont précipité dans la rivière, j’ai poussé le cri d’angoisse que vous avez pris pour un cri de mort. Les coquins en ont été dupes comme vous ; ils se sont enfuis. Une fois hors de l’eau, j’ai rapidement cheminé par le bord opposé de la rivière, et j’ai suivi son cours, sachant bien que je