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chages. Demonio ! les coquins ont mis à la dérive un arbre mort, que le courant a apporté jusqu’ici, et qui bouche notre dernière issue. Comment sortir de ce défilé ? Un quartier de roc lancé du haut de ces berges nous aura écrasés avant que nous ayons pu nous frayer un passage.

L’évidence était accablante, je ne répondis rien. Le plus sûr était de revenir vers le canal d’où nous sortions ; mais le canot fortement engagé au milieu des branches de l’arbre déraciné, résistait à tous nos efforts. Quelques moments se passèrent dans une lutte désespérée contre l’obstacle qui venait de nous barrer la route.

Tout à coup une voix tonnante retentit au-dessus de nos têtes.

— Qui va là ? nous cria-t-on.

— Amis, répondis-je sur l’invitation du pilote.

— Cela ne suffit pas. Vous êtes trois, et je veux entendre trois voix.

— Eh bien, caramba ! s’écria Calros, dites à Campos que je suis ici, moi Calros Romero de Manantial.

– Et demandez-lui aussi, ajouta fièrement le pilote, s’il se rappelle le nom de Sinforoso Ventura de Boca-del-Rio.

Un coup de sifflet aigu retentit dans les bois ; un