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— Et pourquoi donc ?

— Parce que, si je ne me trompe, c’est votre cheval que le coquin a volé.

Je lui répondis, avec un désintéressement parfait, qu’à l’exception d’une selle de quelque valeur, je n’attachais pas le moindre prix au coursier dont on m’avait privé, que j’étais même presque disposé à plaindre le voleur, qu’enfin je doutais que le cheval fut le mien ; mais je dus renoncer à faire usage de ce dernier faux-fuyant. Mon cheval, que j’avais, on s’en souvient, renvoyé au village, avait été, par son trop insouciant conducteur, attaché provisoirement à un arbre près de la grève, et Campos n’avait eu que la peine de l’enfourcher. Je fus donc condamné, d’une voix unanime, à regarder ce vol comme un affront sanglant, que je ne pouvais laisser impuni.

Avant de nous mettre en campagne à la poursuite des fuyards, il y avait toutefois une opération fort délicate à terminer, sans parler des préparatifs à faire pour une excursion qui n’était pas sans quelque péril. L’opération dont je parle était la répartition équitable des débris que le flot commençait à apporter en grand nombre. L’honnête Ventura ne faisait si rude guerre aux maraudeurs, je commençais à m’en apercevoir, que parce qu’ils