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son adversaire garantissaient celui-ci plus sûrement que n’aurait fait une garde d’acier. C’était pour orner de ces rubans les beaux cheveux de Sacramenta que Calros exposait sa vie, c’était pour garder ces mêmes rubans sans souillure que son adversaire se défendait. Les combattants avaient, en rompant alternativement la mesure, parcouru un espace de terrain considérable. La foule tumultueuse des spectateurs ondulait en tous sens suivant que les deux adversaires se déplaçaient eux-mêmes. Aucun d’eux n’était encore atteint, quand le fer de l’étranger, relevant celui de Calros, glissa en sifflant le long de la lame. Une seconde de plus, et les doigts tranchés de mon hôte allaient laisser échapper le sabre ; mais une rude parade fit dévier en même temps l’arme menaçante, et le bras seul de Calros, atteint au-dessus du poignet, laissa jaillir un filet de sang. Au même instant, une tache rouge empourpra sur l’épaule la chemise de l’inconnu. Les deux fers s’abaissèrent à la fois le combat était terminé sans qu’il me fût possible de décider qui des deux champions avait été le premier blessé ; mais le coup d’œil rapide et exercé des témoins de ce duel avait déjà tranché la question. L’étranger n’essaya pas d’en appeler de leur jugement, et, détachant les nœuds de soie qui jusqu’alors avaient orné son sabre, il les présenta sur la pointe de son sabre à Calros ;