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nouveau venu promena sur tous les assistants un regard fier et tranquille. Il attendait.

Tous les habitants de Manantial regardaient l’étranger avec admiration, mais aucun ne semblait plus impatient que mon ami Calros de se mesurer avec ce brillant champion. C’était, on s’en souvient, faute d’un nœud écarlate qu’il avait encouru, la veille, la disgrâce de Sacramenta. Or, à la poignée du sabre de l’inconnu flottaient des rubans du plus beau pourpre. Le combat qui se livra à cette vue dans l’âme de Carlos ne fut pas de longue durée. Après quelques secondes de réflexion, il se pencha vers moi.

— Vive Dieu ! me dit-il à voix basse, au diable soit la vieille ! Sacramenta aura ces rubans écarlates.

Puis se levant vivement, il alla planter son sabre à côté de celui de l’inconnu. Le défi était accepté. L’étranger porta courtoisement la main à son chapeau, et après avoir un instant considéré l’adversaire qui répondait à son défi, il jeta un regard rapide sur le groupe des femmes, comme s’il cherchait celle à laquelle il voulait offrir l’hommage de sa valeur. Il eut bientôt distingué la belle Sacramenta, et, s’avançant vers elle avec une remarquable aisance :

— Les Fandangos de Medellin, dit-il, ont perdu tout leur attrait, depuis que doña Sacramenta n’est