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tent de peu, au milieu d’un pays fertile, où trois moissons couvrent chaque année les champs qu’il ensemence sans les cultiver. Le jeu, la musique, la danse, la poésie, car tout Jarocho est quelque peu improvisateur, se partagent avec l’amour presque tous les instants de cette existence heureuse et facile. L’extérieur du Jarocho porte d’ailleurs un cachet de distinction qui convient à de pareils goûts. L’habitation des campagnes de Vera-Cruz est en général robuste et bien fait. Il a la maigreur nerveuse des races d’élite, et la nature a jeté sur toute sa personne un prestige d’élégance en harmonie avec ce culte chevaleresque voué par le jarocho à trois objets : son cheval, son épée et sa maîtresse.

Sept ans avant l’époque de mon passage à Manantial et quelque temps après mon arrivée au Mexique, je m’étais déjà trouvé en contact momentané avec cette classe d’hommes ; mais, peu familiarisé avec la langue espagnole, je n’avais pu absolument rien comprendre au bizarre dialecte des Jarochos. Ma dernière mésaventure avait cela de bon, qu’elle me jetait de nouveau au milieu de cette caste exceptionnelle, après un séjour au Mexique qui m’avait suffisamment préparé à l’étudier.

Le lendemain matin, quand je m’éveillai, au moment où le soleil commençait à répandre une insupportable chaleur, mon hôte était déjà debout ; la