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sionomie riante, présentent à chaque pas une décoration toujours nouvelle : l’œil s’arrête tantôt sur les maisons blanches et rouges qui surgissent parmi les massifs de goyaviers, de liquidambars et de palmiers ; tantôt sur les montagnes qui abritent la ville, sur les rochers qui disparaissent sous une draperie de convolvulus, sur les mille cascades qui s’échappent de leurs flancs et sur les sentiers qui se perdent entre une double haie de daturas, de chèvrefeuilles et de jasmins.

Le soir venu, l’ombre couvre le paysage, mais d’un voile qui en adoucit les contours sans les effacer. La nuit même à Jalapa n’a rien à envier au jour. C’est alors que la ville commence à vivre. Dans les maisons des pays chauds, le rez-de-chaussée est, à l’approche de la nuit, un rendez-vous pour la famille et les amis. C’est le soir, à Jalapa comme dans plusieurs autres villes du Mexique, que le passant peut surprendre dans tout son charme l’existence domestique des habitants. Chaque fenêtre ouverte répand dans la rue silencieuse et obscure un bienfaisant rayon de lumière, et laisse échapper le joyeux bruit de l’intérieur. Par les nuits tièdes de ce beau climat, l’étranger peut prendre ainsi sa part des fêtes de chaque soir ; il peut voir les Jalapenas déployant sans affectation leur désinvolture proverbiale, depuis le moment où ces fêtes commen-