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sachant par vous-même que vous deviez aujourd’hui faire un petit voyage, j’ai pensé que vous ne seriez pas fâché d’avoir un compagnon de plus. Cette route n’est pas très-sûre, et, ajouta-t-il en jetant un regard expressif sur le bras que le licencié portait en écharpe, il n’est pas toujours prudent de se hasarder seul loin de chez soi. J’ai pourtant lieu de croire que nous n’aurons à tirer l’épée contre personne aujourd’hui.

Et après avoir prononcé cette dernière phrase avec une lenteur affectée, Pepito se pencha à l’oreille du licencié en murmurant quelques mots que je ne pus entendre ; je remarquai seulement qu’il indiquait du doigt à don Tadeo un groupe de collines qui s’élevaient à notre gauche, et sur lequel planait une bande de grands vautours noirs. Sans répondre à Pepito, le licencié arrêta un moment sa monture et tourna du côté des collines ses yeux où se lisait une pénible surprise. Puis il nous fit signe de continuer notre course, donna vigoureusement de l’éperon à son cheval, et quelques minutes plus tard nous traversions les rues du village où était située ma nouvelle propriété.

La maison qui m’était cédée par don Tadeo (car le licencié en avait d’abord pris possession pour lui-même suivant la clause qu’on doit se rappeler) était située à l’extrémité du village. Des groupes