de ces Indiens des vies précieuses qu’il faut ménager. »
En disant ces mots, les deux chasseurs continuèrent leur marche, et, quelques instants plus tard, ils arrivaient près du chef comanche.
« La Fleur-du-Lac est là, dit Rayon-Brûlant, et le fils de l’Aigle n’est pas loin d’elle. »
Le poste habituellement choisi par le jeune guerrier était l’endiguement fait par les castors sur le bras le plus étroit de la Rivière-Rouge.
Dans toute autre circonstance, c’eût été une curieuse investigation à faire que celle du travail de ces industrieux animaux, de cette digue qu’on eût dite construite par la main de l’homme, avec ces troncs d’arbres soigneusement dépouillés de leur écorce, qui sert, comme on sait, à l’approvisionnement d’hiver des castors. Les intervalles en étaient symétriquement remplis de terre glaise pétrie avec des branchages. Mais le temps était précieux, chaque instant de retard pouvait donner lieu à une catastrophe horrible.
L’eau, détournée d’abord de son cours par la digue, avant de finir par former dans la plaine des lagunes qui la couvraient de distance en distance, s’était creusé un autre lit, bientôt demeuré à sec. Ce fut dans cette espèce de ravine, de quatre pieds environ de profondeur et de vingt de largeur, que les nouveaux auxiliaires du Comanche s’embusquèrent.
De cet endroit éloigné seulement d’une demi-portée de carabine de la ceinture épaisse derrière laquelle l’ennemi était invisible, d’habiles tireurs comme le Canadien, l’Espagnol et l’Américain Wilson, pouvaient lui faire un mal incalculable.
« Encinas, dit le Canadien au chasseur de bisons, si vous lâchiez un instant votre dogue, l’animal pourrait nous rendre un grand service ; c’est la vie d’un chrétien qu’il peut aider à sauver.
– Le pauvre Oso m’est bien précieux, répondit En-