de resserrer au besoin le blocus qu’on devait établir autour des maraudeurs. Pendant que cette manœuvre s’exécutait et que les vaqueros traversaient la rivière soit à l’endroit du gué, soit à la nage sur leurs chevaux, ou enfin dans le canot de cuir, la petite troupe que conduisait Bois-Rosé cherchait un chemin couvert qui pût la mettre à l’abri des balles pendant qu’elle ferait le tour du bois sombre où les Indiens continuaient à se fortifier. Le bruit des haches retentissait toujours.
La végétation vigoureuse des saules et des cotonniers autour desquels s’enroulaient la vigne sauvage et toutes les lianes des forêts, rendaient le fourré où s’étaient réfugiés les Apaches si compact, qu’en en faisant le tour, les assaillants ne pouvaient de temps en temps tirer qu’à coups perdus.
Quelques coups de fusil partirent de l’intérieur du bois ; mais de part et d’autre les balles étaient inoffensives. Disséminés en tirailleurs, les premiers arrivèrent à peu de distance de l’endroit qu’occupait Rayon-Brûlant avec ses guerriers.
« Concevez-vous, dit Bois-Rosé à Pepe, dans un moment où les deux chasseurs se trouvèrent réunis derrière un bouquet d’arbres, à l’abri desquels le Canadien examinait l’enceinte en apparence impénétrable du bois, que tous ces Indiens avec leurs chevaux aient pu si promptement se faire jour à travers l’épaisseur de ces fourrés ?
– Je pensais à cela à l’instant même, reprit le carabinier. Un homme seul paraît pouvoir difficilement se frayer un passage parmi ces lianes autrement que la hache à la main, et ces coquins y sont entrés à cheval en un clin d’œil. Il doit y avoir quelque entrée secrète qu’il faudrait trouver ; car autrement cet endroit est inexpugnable, et nous y laisserions nos os les uns après les autres, en tentant d’en débusquer l’ennemi.
– Nous avons toujours la ressource d’y mettre le feu, reprit Bois-Rosé ; mais malheureusement il y a au milieu