sons, où la Fleur-du-Lac se mire dans l’eau, répondit l’Indien en faisant allusion à doña Rosario, dont l’image s’était gravée malgré lui dans sa tête, depuis le Lac-aux-Bisons jusqu’aux Montagnes-Brumeuses, et depuis les Collines-Sombres jusqu’à la cache qu’ils ont pratiquée ici, Rayon-Brûlant a suivi les traces des ravisseurs de son honneur.
– Ah ! c’est à ces dém… Mais continuez, Rayon-Brûlant.
– Les ravisseurs, poursuivit l’Indien, n’ont pas eu de secret pour lui, et, d’après leurs paroles, Rayon-Brûlant a reconnu les deux guerriers blancs dans l’Ile-aux-Buffles. Les deux guerriers blancs sont-ils braves comme on le dit ? acheva-t-il en fixant les yeux sur l’horizon lointain.
– Pourquoi cette question ? demanda Bois-Rosé avec un sourire calme qui en disait plus que toutes les protestations.
– C’est, répondit tranquillement l’Indien, que je vois d’ici, à l’est, la fumée des feux de l’Oiseau-Noir et de trente guerriers ; à l’ouest, celle des feux des deux pirates du désert ; au nord, celle des feux de dix Apaches, et que l’Indien comanche et les deux Visages-Pâles sont entre trois partis ennemis. »
Bois-Rosé vit en effet dans le lointain un léger nuage de fumée indiquant l’emplacement d’un camp indien.
« Rayon-Brûlant a-t-il vu le fils qu’on a enlevé à son père ? demanda le Canadien avec anxiété.
– Les yeux de Rayon-Brûlant n’ont pas vu le jeune guerrier du Sud, répondit l’Indien, mais il le voit, par les yeux d’un guerrier comanche, captif dans le camp des deux pirates. »
Un rayon d’espoir passa dans le cœur de Bois-Rosé.