cachées sous l’herbe, où elles font entendre leur chant monotone.
Le sénateur, malgré sa fatigue, s’empressa de mettre pied à terre pour donner la main à doña Rosario, qui, moitié triste, moitié souriante, se laissa glisser de la selle de son cheval dans les bras de Tragaduros, d’où s’échappant elle sauta légèrement à terre.
Appuyée sur le bras du sénateur, elle se dirigeait vers la tente de soie dressée pour elle, pendant que l’hacendero interrogeait les vaqueros accourus à sa rencontre. Il examina d’un œil de connaisseur l’enceinte de pieux, la position du lac ; puis, satisfait des réponses qu’il avait obtenues, il entra à son tour dans sa tente pour y faire sa sieste.
En traversant l’espace qui la séparait de sa tente, doña Rosario ne put s’empêcher de jeter un regard de surprise et presque d’effroi sur le singulier accoutrement et la sauvage tournure des chasseurs de bisons ; mais la fille du désert était trop familiarisée avec ses mœurs et ses différents hôtes, pour ne pas reconnaître tout de suite la profession d’Encinas et de ses rudes compagnons ; souriant de sa terreur momentanée, elle souleva gracieusement la portière de sa tente et disparut comme une sylphide qui, d’un vol léger, s’enlève et s’enveloppe d’un nuage.
« Hein ! que vous semble de notre jeune maîtresse, seigneur Encinas ? demanda au chasseur de bisons le novice, qui voyait pour la première fois la fille de don Augustin.
– Une vraie fleur du désert, répondit Encinas, et que tous ceux qui le parcourent préféreraient à la plus belle fleur des villes et se disputeraient à l’envi ; une fleur fraîchement éclose, que l’Indien voudrait avoir dans sa hutte et que le chasseur envierait sous sa tente.
– Eh bien, c’est ce jeune seigneur, sans doute, qui la placera dans son palais, dit en riant le novice, qui désignait le sénateur.