deux chasseurs, engagés eux-mêmes dans une lutte non moins terrible.
Enfin Fabian, plus robuste que l’Indien, prit le dessus et maintint son ennemi sous lui ; puis, d’une main dont Soupir-du-Vent, résolu à ne pas lâcher la carabine qu’il avait saisie, ne put assez promptement parer les coups, le jeune Espagnol planta son couteau dans la poitrine de l’Apache. Malheureusement, d’efforts en efforts, le blanc et l’Indien étaient parvenus à l’une des extrémités de la plate-forme.
La poussière humide que la cascade renvoyait du fond de l’abîme se mêlait déjà à leur haleine ; au-dessous d’eux le gouffre grondait sourdement, et par un dernier effort l’Indien expirant cherchait à y engloutir Fabian avec lui. Celui-ci essayait vainement de se débarrasser de l’étreinte désespérée du guerrier rouge.
Un instant le jeune homme sentit ses muscles engourdis fléchir et lui refuser le service ; mais la crainte d’une mort horrible rappela sa vigueur défaillante, et il put éviter l’abîme, mais non empêcher l’Indien de l’entraîner avec lui au fond du ravin, à peu de distance du gouffre béant.
En roulant pêle-mêle, les deux ennemis, toujours enlacés, reçurent un choc terrible. Fabian sentit les bras de l’Indien se détendre paralysés par la mort ; puis, évanoui lui-même, il resta immobile comme l’Apache. Sa tête avait frappé sur l’angle aigu d’une des pierres plates que les deux lutteurs avaient entraînée avec eux.
De longues minutes s’étaient donc écoulées depuis l’explosion de la carabine de Fabian, jusqu’au moment où, sans recevoir à ses appels désespérés d’autre réponse que les sifflements du vent dans les sapins, le Canadien atteignit la plate-forme.
Une déchirante expression d’angoisse bouleversait les traits du vieux chasseur. Quand ses yeux purent voir,