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— Cela dépend, reprit Cuchillo ; je suis de ceux qui préfèrent les gens avec des trous plutôt qu’avec des pièces. »

Cependant la campagne commençait à s’embraser des feux du soleil. Un vent brûlant secouait la cime des arbres ou rasait l’herbe desséchée. Les chevaux des deux aventuriers hennissaient plaintivement, tourmentés par la soif, tandis que leurs maîtres cherchaient le peu d’ombre que laissait tomber le feuillage clair-semé des mezquites.

Baraja reprit la parole.

« Vous allez vous moquer de moi, seigneur Cuchillo, dit-il en s’éventant avec son large feutre ; mais le temps me paraît bien long quand je ne joue pas.

— C’est comme moi, répondit Cuchillo en bâillant.

— Vous agréerait-il alors de jouer sur parole un peu de cet or que nous allons récolter ?

— Je n’osais vous le proposer, seigneur Baraja, et j’accepte. »

Il arriva que ces deux hommes, qui tous deux avaient renoncé au jeu, étaient munis chacun d’un jeu de cartes, et la partie allait commencer, quand des hennissements et un bruit de clochette, de pas et de voix qui se firent entendre, annoncèrent la venue probable du personnage important qu’attendait Cuchillo.



CHAPITRE II

LE PACTE.


Les deux joueurs suspendirent la partie qui allait s’engager, et tournèrent la tête vers l’endroit d’où venait le bruit.

À l’embranchement des deux chemins, un nuage de poussière tout à coup soulevé indiquait l’arrivée d’une de