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CHAPITRE PREMIER

DEUX HONNÊTES GENS.


En 1830, l’État de Sonora, l’un des plus riches de ceux de la confédération du Mexique, pouvait, à bon droit, être regardé comme une des régions les moins explorées de cette portion de l’Amérique. La nature, cependant, a été prodigue à son égard. Le sol, à peine effleuré par la charrue, s’y couvre de deux moissons chaque année, et, dans beaucoup d’endroits, on peut recueillir à ciel ouvert l’or répandu à profusion sur cette terre féconde, qui rivalise, sous ce rapport, avec la Californie, aujourd’hui si vantée.

Ces avantages se rachètent, il est vrai, par quelques inconvénients. De vastes déserts, coupant çà et là les parties cultivées de la Sonora, y rendent les voyages difficiles et périlleux. Des nations d’indiens belliqueux y sont encore en possession de plaines immenses où l’or est, dit-on, aussi abondant que le sable.

Nous pourrions citer beaucoup de fortunes considérables dont l’origine a été la découverte de quelque morceau d’or vierge, comme d’autres aussi qui ont pour base la richesse des moissons récoltées sur ce sol fertile.

Des gens qui n’ont pour toute industrie qu’une connaissance pratique de la métallurgie s’avancent de temps à autre dans les déserts. Là, vivant de privations, exposés à mille dangers, ils exploitent à la hâte quelque mine d’argent à fleur de terre, ou s’occupent au lavage des sables aurifères ; puis, traqués, pris ou repoussés par les Indiens-Apaches, ils reviennent au sein des villes, en faisant mille récits merveilleux de trésors entrevus, mais inabordables, de mines d’une richesse prodi-