III
UNE REVANCHE DE PEPE LE DORMEUR.
Quand Pepe le Dormeur avait surpris le secret du capitaine Despierto, secret dont il avait fait son profit, il ignorait que don Lucas lui en cachait encore un autre. Le miquelet, cependant, désireux, par suite d’un certain remords de conscience, de remplir son devoir pour la première fois de sa vie peut-être, vint, le lendemain de la nuit où il avait été de garde, solliciter de son capitaine la faveur de recommencer une seconde faction le soir même.
On devine qu’il l’obtint sans peine ; mais, tandis que don Lucas le croyait endormi selon son habitude, Pepe veillait comme la nuit précédente.
Toutefois, nous le laisserons à son poste pour raconter ce qui se passait sur la côte d’Elanchovi, non loin de la baie de la Ensenada.
La nuit était aussi brumeuse que celle qui venait de s’écouler, quand vers dix heures du soir, un côtre agile et bien voilé se glissa dans les passes secrètes d’un labyrinthe de rochers. La tournure du côtre, son gréement, sa voilure, indiquaient un bâtiment de guerre, ou, tout au moins, un navire armé en course.
La hardiesse avec laquelle il manœuvrait au milieu de l’obscurité montrait aussi que celui qui le pilotait devait avoir depuis longtemps pratiqué cette côte dangereuse, et que le commandant du navire devait avoir des intelligences en terre ferme.
La mer brisait avec fureur à gauche et à droite de l’étroit labyrinthe, dont le bâtiment, sous ses basses voiles, rangeait les rochers à très-peu de distance. Cette passe